Voila que je me retrouve à m'agiter devant (ou derrière?) mon écran en me demandant si Louise Merzeau a bien décidé de traiter un autre sujet que celui prévu.
Bien sur, je m'enflamme et laisse une belle trace de suie dans le fil de commentaires YouTube avant qu'elle articule la première partie de son exposé avec le sujet du jour : L'identité numérique.
Et là! Crise de paranoïa :
" Soit JM Gilliot à la clairvoyance de maître Yoda, soit il était au courant des subtils enchaînements des échanges improvisés entre C Vaufrey et L Merzeau ?...
Les interventions de C Vaufrey sont elles improvisées ou ont-elles fait l'objet d'une répétition ?...
Tout cela se passe en direct : une "pré-écriture" des dialogues ne serait-elle pas la seule solution permettant aux intervenants de maîtriser leur image numérique ?...
Mon cher MOOC se transformerait-il en espace de cyber-réalité à la sauce t'as pas de shampoing ?..."
A la fin du HangOut, après quelques exercices de relaxation, je reprends mes esprits et mesure la teneur de cette longue introduction sur cette notion de présence numérique. Ce qui me renvoi au film de Kubrick : "2001 l’odyssée de l'espace"
Je pense en particulier au monolithe qui apparaît à plusieurs reprises, dans différents contextes.
Le voici dans une reconstitution hyperréaliste de la première scène du film...
... Et lors de sa dernière apparition dans un camp de hackers allemands en Hollande (ils ont même rattrapé l'os lancé par les primates)
"C'est quoi ce truc ?"
Voila la question que je me suis posée tout au long du film quand je l'ais vu la première fois (je devait avoir 14 ans, si quelqu'un se souvient de l'année de la première diffusion en France ?).
C'est d’ailleurs pour continuer à me la poser et en discuter avec des amis que je ne lirai ni l'article de Wikipédia, ni la nouvelle de A.C. Clarke, ni aucune analyse d'expert.La présence n'est pas l'identité, mais l'identité de quelque chose d'absent a-t-elle un sens ?
Sans sa présence à l'écran, on ne se poserait évidement pas la question de savoir ce qu'est ce monolithe.
Le "c'est quoi" correspond à l'identité du monolithe. Cette hypothèse est-elle recevable ?
Confrontons-la aux définitions proposées par le dictionnaire en ligne LAROUSSE
- Rapport que présentent entre eux deux ou plusieurs êtres ou choses qui ont une similitude parfaite : Identité de goûts entre personnes.
- Caractère de deux êtres ou choses qui ne sont que deux aspects divers d'une réalité unique, qui ne constituent qu'un seul et même être :Reconnaître l'identité de deux astres.
Il n'en reste pas moins que limiter l'identité du monolithe au symbole qu'il représente laisse un très large champ d'interprétations au spectateur : Ce qu'il est, réside alors dans les représentations du public et interdit ainsi de dégager un caractère unique correspondant à son identité.
Du point de vue de l'identité numérique, l'approche de la définition peut être intéressante : Une même personne peut montrer des aspects divers d'elle même sur internet. La façon dont elle est perçue par une seule autre personne peut alors correspondre à des représentations différentes voir divergentes. Ces facettes constituantes de l'identité d'une personne deviennent alors difficilement réductibles à une unité d'individu. L'identité numérique ne pourrait alors être "reconnue" et peut être serait-il acceptable de parler d'identités ou d'images numériques au pluriel.
- Caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son individualité, sa singularité : Personne qui cherche son identité.Identité nationale.
Mais bon... Quel est l’intérêt du film si on se restreint à considérer le monolithe comme un simple objet caractérisable ?
En ce qui nous concerne, si la "forme" et la couleur suffisaient a définir l'identité d'une personne nous vivrions dans un monde bien inquiétant, fusse-t-il numérique.
- Ensemble des données de fait et de droit qui permettent d'individualiser quelqu'un (date et lieu de naissance, nom, prénom, filiation, etc.) : Rechercher l'identité d'un noyé.
Une synthèse de (rapide, désolé) des discussions consisterait à dire que l'identité se constitue à partir des traces laissées lors de ses pérégrinations ou publications.
Si c'est le cas, j'espère que les futurs paléontologues du net pourront se faire une idée plus précise de ce que nous étions à partir de nos traces que celle que nous nous faisons des dinosaures (Si on vous a convaincu qu'il s'agissait d'animaux verts à sang froid ou que le T.Rex était nécessairement un super prédateur, lisez "le ptérodactyle rose..." de R.T Baker)
Merci LAROUSSE !
J'ais bien démonté mon hypothèse : Non seulement, je ne suis plus sur que l'identité soit unique, mais je ne peux même pas l'identifier à l'objet et encore moins la résumer aux caractéristiques de l'objet ou ses actions.
Qui plus est, aucune de ces définitions ne semble vraiment coller au concept d'identité dans le contexte numérique.
Identité naturelle (sans interface numérique) et numérique ne répondraient donc pas aux mêmes dynamiques ?
A mon sens, il y a autant de points communs que de divergences:
- Hors critères objectifs (empreintes digitales ou éléments de profil numérique), les deux semblent se construire de façon externe et collective à partir d'interactions sociales basée sur ce qui est perçu d'un individu : L'identité émerge d'un consensus d'images subjectives permettant de reconnaître un individu. La personne concernée ne peut donc avoir de contrôle direct sur son identité et peut, au mieux, soigner son image.
- Dans le cas de l'identité naturelle, il est difficilement possible de cloisonner les sources d'image qu'on renvoie (que je fasse un cours, du skate ou que j'enterre la vie de garçon d'un copain dans un bar, ces images seront associées à la même personne). A l'opposé, il m'est tout à fait possible de cloisonner les images numériques que je renvoie (rien ne m’empêche de tenir mon blog d'homme politique, de participer à ITyPA et de chatter sur des sites coquins sans que rien ne soient jamais associé par qui que soit à part la NSA).
Le concept d'identité numérique me parait inapproprié, dans un espace où on est libre d'endosser plusieurs identités.
Décomposant ainsi en facettes notre identité naturelle, il devient possible de désinhiber l'expression des différents aspects de notre personnalité.
Plus de raison d'être paranoïaque : Les limites admises glissent de morales et sociales vers personnelles et éthiques (aussi légales et techniques bien sur)
Réconforté par Lionel JULIENNE, je peux donc aller me coucher en le citant :
A mon sens, il y a autant de points communs que de divergences:
- Hors critères objectifs (empreintes digitales ou éléments de profil numérique), les deux semblent se construire de façon externe et collective à partir d'interactions sociales basée sur ce qui est perçu d'un individu : L'identité émerge d'un consensus d'images subjectives permettant de reconnaître un individu. La personne concernée ne peut donc avoir de contrôle direct sur son identité et peut, au mieux, soigner son image.
- Dans le cas de l'identité naturelle, il est difficilement possible de cloisonner les sources d'image qu'on renvoie (que je fasse un cours, du skate ou que j'enterre la vie de garçon d'un copain dans un bar, ces images seront associées à la même personne). A l'opposé, il m'est tout à fait possible de cloisonner les images numériques que je renvoie (rien ne m’empêche de tenir mon blog d'homme politique, de participer à ITyPA et de chatter sur des sites coquins sans que rien ne soient jamais associé par qui que soit à part la NSA).
Le concept d'identité numérique me parait inapproprié, dans un espace où on est libre d'endosser plusieurs identités.
Décomposant ainsi en facettes notre identité naturelle, il devient possible de désinhiber l'expression des différents aspects de notre personnalité.
Plus de raison d'être paranoïaque : Les limites admises glissent de morales et sociales vers personnelles et éthiques (aussi légales et techniques bien sur)
Réconforté par Lionel JULIENNE, je peux donc aller me coucher en le citant :
" Finalement, l'enfer ce n'est pas les autres :-)) "